26 février 2025 – Bordeaux
Si vous deviez vous résumer en cinq dates ?
- 14 septembre 1969 : Ma naissance.
- 1994, 2000, 2004 : Les dates de naissance de mes enfants. À nous deux, nous avons quatre enfants, trois garçons et une fille. Je les considère tous comme mes enfants.
- 2024 : Ma date de mariage.
Depuis quand êtes-vous professeure de français ? Aviez-vous toujours voulu enseigner ?
J’ai toujours eu la volonté d’enseigner. Initialement, je me voyais professeur de sport, mais c’est finalement le français qui s’est imposé à moi. La transmission est ce qui me passionne le plus : le contact avec les élèves, le partage. J’ai aussi eu une aventure entrepreneuriale dans le monde de la décoration et des travaux manuels. J’avais créé des ateliers pour faire des objets de décoration soi-même (abat-jour, encadrement), et là encore, c’était le partage qui m’intéressait.
La créativité et la transmission sont donc deux moteurs essentiels dans ma vie.
Est-ce que vous trouvez que le métier de professeur a évolué ?
Oui, beaucoup. J’ai toujours enseigné dans le privé, donc je compare dans ce contexte.
Les élèves d’aujourd’hui sont très différents de ceux d’il y a 15 ans. Ils sont plus éloquents, et les parents sont très présents.
C’est une évolution que je vois plutôt positivement : cela favorise des enfants sociables et curieux. Mais globalement je trouve toujours que les enfants sont l’image de l’époque. Après j’ai toujours eu la chance d’avoir des directions qui ont facilité tous les échanges et les projets, dans nos métiers cela joue un rôle important d’avoir une direction qui valorise le travail des enseignants.
Qu’est-ce qui est le plus enthousiasmant dans votre métier ? Et qu’est-ce qui est le plus difficile à gérer ?
Les élèves ! Ils sont extraordinaires, je les adore. Leur curiosité, leurs questions, même leurs moments d’agitation, tout est stimulant.
Ce qui peut être plus compliqué, c’est la gestion des parents. Nous n’avons pas de formation pour cela, mais j’ai toujours eu de bonnes expériences.
Il faut prendre le temps d’expliquer. Récemment, certains parents se sont inquiétés de mes absences car je suis en formation pour enseigner la nouvelle spécialité théâtre en terminale. Mes cours étaient remplacés, mais cela a suscité des réactions. Il a fallu expliquer que nous, professeurs, avons aussi besoin de nous former pour mieux transmettre…
Vous avez un compte Instagram, « La_chaîne_de_christelle_ ». Comment avez-vous commencé ?
J’ai commencé pendant le confinement en 2020, en créant des vidéos pédagogiques pour mes élèves sur Youtube.
Ensuite, ce sont mes élèves de première STMG qui m’ont suggéré d’aller sur Instagram : « Mais Madame, vos vidéos sont trop chouettes, vous devriez les publier sur Insta ! ».
J’ai suivi leur conseil, et cela a pris une ampleur inattendue. L’algorithme d’Instagram était différent à l’époque, ce que j’ai proposé a plu et c’était parti !
Cela vous prend beaucoup de temps ?
Oui je publie quasiment 5 vidéos par semaine parfois plus, maintenant j’ai le coup de main, mais je dois préparer mes textes, filmer, faire le montage, préparer les posts ? C’est assez chronophage, heureusement j’ai un mari formidable qui m’aide et me soutient !
Vos élèves vous suivent-ils sur Instagram ?
Certains oui, d’autres non. Ils m’en parlent parfois, mais ce n’est pas un sujet central au collège ou au lycée. Les retours sont globalement positifs.

Quelle est votre audience principale ?
Principalement des femmes entre 24 et 44 ans. J’ai aussi pas mal de personnes qui apprennent le français et qui trouvent mes vidéos très utiles pour comprendre et retenir les règles de grammaire.
Vous avez collaboré avec l’instagrammeuse Alexia Blanchy, pourtant dans un registre très différent du vôtre. Quelle était l’idée derrière cette vidéo ?
Je ne connais pas spécialement les instagrammeurs bordelais, mais je connais Alexia personnellement. Cela nous a amusé de faire une vidéo ensemble justement parce que nous sommes très différentes.
Il n’était pas question que je me mette à déclamer « Audace ! » comme elle le fait, mais c’était un moment très drôle et complice : nous avons adoré l’une et l’autre.
Avez-vous déjà reçu des commentaires haineux sur les réseaux ?
Jamais avant cette vidéo avec Alexia. Pour la première fois, j’ai vu des remarques désobligeantes. Mais je suis d’une nature extrêmement positive, donc je préfère me concentrer sur le positif. Alexia, qui est plus habituée à cela, a géré les critiques avec beaucoup d’élégance.
Votre compte Instagram vous rapporte-t-il de l’argent ?
Pas du tout. Par contre, il me permet d’avoir des opportunités que je n’aurais peut-être pas eues autrement. Par exemple, je suis en discussion avec une maison d’édition pour un livre sur la pédagogie du français, et je pense qu’Instagram y a joué un rôle.
Qu’est-ce qui vous motive dans le projet « La Chaîne de Christelle » ?
La créativité ! J’ai toujours eu cet attrait pour l’expression créative. Cela m’a aussi permis d’apprendre énormément : montage vidéo, algorithme Instagram, rédaction de contenus… Ma famille, surtout ma fille, m’a aidée au début avec le montage mais maintenant, je fais tout toute seule. C’est un sacré challenge quand même, ce n’était pas mon métier à la base !!
Récemment, j’ai lancé un nouveau concept, « Étymo-bordeaux », qui associe la découverte de belles personnes ayant une forte personnalité qui tiennent des commerces sur Bordeaux et une thématique linguistique. C’est un super moteur intellectuel !