19 février 2025 – Bordeaux
Si vous deviez vous résumer en cinq dates ?
- 15 septembre 1985 : Naissance.
- 21 septembre 2014 : Naissance de ma fille, un événement qui m’a fait redécouvrir la photographie.
- 2 février 2016 : Lancement de ma boutique en ligne.
- 15 octobre 2018 : Naissance de mon fils.
- 19 novembre 2020 : Passage à la photographie à plein temps.
Comment êtes-vous devenu photographe professionnel ?
J’ai toujours eu un appareil photo en main, cela vient de mon grand-père. Mais c’est à la naissance de ma fille que je me suis réellement replongé dans la photo, en me concentrant sur le paysage. J’ai commencé en autodidacte, en apprenant à travers des plateformes comme Flickr ou 500px. Pendant sept ans, j’exerçais la photographie en parallèle de mon activité de développeur web, jusqu’à la crise du Covid qui m’a poussé à faire un choix. Depuis 2020, je vis exclusivement de la photographie.
Quelle est votre approche de la photographie ?
Je ne me considère pas comme un artiste à proprement parler. Je retranscris la nature plutôt que de la créer.
Mon travail repose sur une rigueur technique et une approche factuelle, ce qui me permet d’être sûr du résultat que j’obtiens. Chaque photo est le fruit d’une préparation minutieuse et d’une maîtrise des réglages.
Comment la technologie, notamment les drones, a-t-elle changé votre métier ?
L’intégration des drones a été une vraie révolution. Avant, les prises de vue aériennes étaient réalisées en ULM, ce qui était extrêmement coûteux. J’ai acquis mon premier drone en 2020, et cela a ouvert de nouvelles perspectives créatives. Toutefois, la réglementation était très stricte : il fallait être pilote d’ULM pour piloter un drone professionnellement. Depuis 2022, les règles ont évolué, mais cela reste très encadré. Il faut déposer des plans de vol et autorisation avant de faire des prises de vue en drone. Mon drone pèse plus d’un kilo, il peut entraîner le crash d’un avion ou d’un hélicoptère en cas de collision.
J’ai acquis mon expérience en drone, notamment lors d‘un voyage de relevé topographique en Guyane. Les conditions étaient extrêmement difficiles, la visibilité, l’humidité, la contrainte de batteries que nous ne pouvions pas recharger dans la jungle, tout cela m’a vraiment permis de développer une grande technicité et expertise sur le drone.

Quel regard portez-vous sur les réseaux sociaux dans votre activité ?
Instagram est un outil utile pour la communication et la visibilité, mais ce n’est pas une finalité. Il permet de se faire connaître sans avoir à payer de publicité, mais il pousse aussi à produire du contenu en fonction de son algorithme plutôt qu’en fonction de sa propre vision artistique.
La photographie est parfois nivelée vers le bas pour maximiser l’engagement. Le vol d’images est aussi un problème majeur, même si des outils comme Pixtrack permettent de traquer leur utilisation commerciale.
Comment vivez-vous de votre activité de photographe ?
Je diversifie mes sources de revenus :
Mariages
Cours de photographie : un tiers de mes revenus en été, avec des sessions collectives sur le Bassin.
Reportages pour entreprises : portraits corporate, reportages industriels.
Voyages photo : organisation de stages aux Lofoten (Norvège).
Vente de tirages d’art
Pouvez-vous nous parler de vos voyages photo, notamment en Norvège ?
J’organise des voyages photo aux Lofoten, une destination que j’apprécie particulièrement pour sa beauté brute. C’est une semaine de stage riche en découvertes et apprentissage, avec des cours sur le terrain et en post-production.
Les participants apprennent à lire et analyser leurs images tout en découvrant une région magnifique. Nous dormons sur place, les repas sont pris ensemble. L’expérience est unique, et la majorité des participants sont des élèves ayant déjà suivi mes cours. Cette année, nous augmentons le nombre de dates proposées. La Norvège c’est encore très sauvage donc cela crée un environnement propice à un stage photo avec une luminosité incroyable.

Votre travail est-il exclusivement centré sur le Bassin d’Arcachon ?
Non, même si c’est mon terrain de jeu principal. J’ai réalisé des reportages ailleurs, notamment pour un projet de livre sur la conception d’un avion à hydrogène. Ce projet m’a amené à faire du portrait corporate, du reportage en studio mobile et de la photographie industrielle. C’est la diversité du métier qui fait son charme.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez en tant que photographe professionnel ?
L’une des plus grandes difficultés est de trouver l’équilibre entre passion et rentabilité. Il faut éviter de tomber dans la gratuité, qui dévalorise le travail des professionnels.
Des anecdotes de terrain ?
J’adore explorer le Bassin, souvent accompagné d’amis ostréiculteurs. Une nuit, nous étions partis photographier la Voie Lactée aux cabanes tchanquées. Nous avions prévu d’y passer la nuit pendant la marée basse, mais la météo a tourné et il était impossible de faire la moindre image. C’est très long une nuit sur un bateau à deux à ne rien faire. Nous avons dû improviser avec du light painting en drone. Ces moments d’incertitude font partie du charme de la photographie
Quels sont vos projets futurs ?
Je compte développer encore mes voyages photo et continuer à transmettre mon savoir.
Un dernier mot pour les passionnés de photo ?
Soyez rigoureux, comprenez la technique, mais laissez toujours une place à l’intuition. Et surtout, photographiez ce qui vous passionne, et amusez-vous, c’est comme cela qu’on progresse !